16/12/2017

Poesie du lama Shenpen Rinpoché "Il est"

Il est

« Il est » ou « sur le chemin de l’unité »

Il y a tellement de choses que nous ne comprenons pas,
que nous ne voulons pas comprendre ;
Tant de vérités que l’esprit, le prisonnier de lui-même,
De cette cage dorée et empoisonné,
N’accepte pas, ne veut pas accepter,
par crainte de voir la réalité,
De connaître la nature du poison,
La douce et séduisante poison qui tue à long terme.
Escapades de toutes sortes,
stores fermement placés ;
Béquilles pour les infirmes,
pour celui dont la tête est trop lourde,
Farci de concepts, de faux concepts,
et toujours croissante des désirs.
Un monde où un aveugle conduit un autre,
où le « secret » a envie d’inculquer des sourds du Canada :
Un pays où tout le monde juge tout,
et tout le monde condamne ce qui n’est pas à leur goût.
Qui va ensuite soulever sa tête, qui ensuite va se tenir debout
et mettre tout son être au soleil ?
Qui ouvrira alors ses yeux
pour le chemin de réveil lumineux ?
Qui va, puis enfin, debout devant l’Omniscient
et l’éclat omniprésent de la claire lumière?
Même il dont la tête n’est plus résonne
en raison de mots ;
Il a dont le corps ne souffre plus
en raison de blessures de chaînes ;
Celui qui comprend que tous les décès
donne naissance à une nouvelle vie,
Dont le cœur est grand et ouvert,
exempt de tout jugement.
Vraiment, c’est lui qui va comprendre
les choses cachées et profonds,
Qui se rendra compte des aspects subtils et non-duelle,
de tous les phénomènes,
C’est lui qui va réaliser l’unité.
Il est donc, ne pas penser qu’il est,
il sera là seule,
Actuellement, mais l’esprit à la lumière.
il sera ici, là-bas, ailleurs,
Là, où une personne des questions
avec sa bouche ou avec son cœur ;
Et sa réponse sera claire et utile,
juste et appropriée ;
Ce sera les paroles ou les actes,
dessins ou écritures.
Sa main ne fermera jamais,
comme tout ce que peut être donné à celui,
Qui veut le chemin Abrupt, à l’échelle
Lui dont la Patience ne connaît aucune limite,
Lui dont le coeur est fait de donner en retour.
L’enseignement est reçu par lui
qui a créé les causes ;
Il est aggravé par lui
qui renonce à ces extrêmes ;
Compris une fois que la tête a étouffée
et a ouvert le coeur.
Il est réalisé quand « on » et « l’autre »
ne sont plus différents,
Dans le moment quand nous cessons de créer.
Cet État se trouve à proximité,
et si difficile à atteindre ;
Il est partout, mais nous projetons
nous emprisonner, loin de là ;
Nous sommes un avec elle,
mais nous rendent différents ;
C’est ici et maintenant
et nous le voyons dans le lointain et hors de portée.
Parce qu’il est dépouillé des jugements,
projections et dualités,
Il est.
Rédigé par Lama Shenpen Rinpochépoesie lama Shenpen rinpoché "il est"

Poesie du lama Shenpen Rinpoché "Qui se souvient ?"


Qui se souvient ?

Qui souvient de l’errance, les batailles, les victoires ?
Les doutes, les certitudes, les questions, la mémoire ?

Qui souvient des souffrances, les larmes, les jeux ?
La vie, la mort, les jeunes, les vieux ?

Qui souvient de tous les parents, les enfants, les amis ?
Les visages, les chiffres à lumière ou accroupie dans l’ombre ?

Qui se souvient ?

Temps est passant et faire progresser, émergents et cesse, Le monde tourne, les continents sont déplacent,
Les étoiles sont à la hausse, puis en définissant,

Je suis ici, là, ailleurs,
Je me lève, je le vis, je déménage, je me penche,
Je me vois, je me sens, j’ai moi-même, touch

Hommes, femmes, enfants,
Amis, ennemis, les indifférents,
Serpents, les chats et les mouches,

Qui se souvient ?

J’ai appris ici et là,
Dans les temples, dans les forêts, dans le vent,
La différence entre le mauvais et le meilleur,
Entre hier, ici et maintenant,

Après avoir été ici un méditant et un passeur,
Dans les hauteurs ou dans les profondeurs,
Dans la tristesse ou la fortune,
Créé ou créateur.

À travers toute la vie dans le temps,
par le biais de toutes les guerres, insouciant,
Par le biais de tous les désirs malveillantes,
Que se passe-t-il vaut gardez-vous ?

Qui se souvient ?

À l’aube de chaque vie, chaque décès,
Vous ne comprenez pas qu’il est grand temps,
Pour arrêter tout ce qui tourmente, infligeant
À vous-même et aux autres, à créer des ennuis à d’autres ?

Depuis des temps sans commencement,
Qu’y a-t-il de plus à vivre et à essayer,
Qui n'a pas encore été marre avec elle
À souffrir et à supporter la puanteur ?

Homme, femme, enfant, de peu de foi,
N’est-il pas temps d’ouvrir vos yeux,
Ouvrez votre coeur, votre main et voir mieux,
Chercher Refuge et ne pas rester sans droit ?

Ne vous rappelez ?

N’y a-t-il pas quelque chose qui résonne, qui vous appelle,
Profondeur vers le bas, dans la mémoire, dans le coeur,
La voix claire et Omniscient de la réalité ?

Le mot Pure qui résonne, qui revient,
Qui détruit et transcende toutes les peurs,
Qui coupe tout ce que vous retenir.

Sans doute, avec confiance et sans attentes,
Au-delà de désir, de tristesse et d’illusion,
Comprendre qu’il n’y a plus rien à prendre.

N’oubliez pas !

Le ciel, la terre, jour et nuit,
Douleur, de plaisir ou de bruit,
N’est pas une réalité mais pour ceux qui conçoivent leur ;

Amis, ennemis, ceux que nous voyons,
Ceux qui que nous détestent ou ceux en qui nous croyons,
Existent comme la lune reflétant dans l’eau.

Et n’oubliez pas,

Rien n’est plus précieux que le don,
Puis oublier nous-mêmes sans faux-semblant,
Puis l’amour, de Compassion,
Puis de service sans rien attendre en retour.
http://www.dharmaling.org/en/2-uncategorised/90-shenpen-rinpoche


Rédigé par Lama Shenpen Rinpoché.

Vie du lama Shenpen rinpoche

Lama Shenpen Rinpoché est né dans l’ouest de la France. Très tôt dans sa vie, divers signes particuliers manifestent - pendant et après sa naissance. Comme un jeune enfant, Rinpoché a été étonnamment intéressé par des concepts philosophiques, par exemple la réincarnation. Autour de 12 à 13 ans, Kusho.la avait des visions de sa vie antérieure, du paysage, montagnes - de ce qui sera plus tard reconnu comme son monastère inTibet.
4 TaraJenangVienna 2004Mais Rinpoché vraiment s’est engagé dans le bouddhisme à l’âge de 16 ans, quand un Lama tibétain est venu dans sa ville (Lama Gendun Rinpoché, de la tradition Kagyu ). Après quelques enseignements, Rinpoché est allé au monastère Nalanda (à proximité de Toulouse - France). Certains hommes déguisés en moines tibétains, voyant Rinpoché, il était « plein de joie ». En quelque sorte, il se sentait à la maison. C’était en avril 1985.
Presque le même jour, un important Lama est arrivé à Nalanda trop : Gomo Tulku. C’était lors d’un rendez-vous que Gomo Tulku expliqué à Kusho-la la signification des visions que Rinpoché avait quand il était jeune, en lui disant qu’il était à la renaissance « d’un grand praticien au Tibet ». Plus tard, qui devait être confirmé par plusieurs Lamas depuis 1992, melong-lecteurs et un Oracle de Dharamsala. Enfin le monastère de Kharnang reconnu officiellement Lama Shenphen Rinpoche comme le Tulku de Lama Gendun Rabgye (ici les lettres du monastère de Kharnang et de Sera-Jhe Lhadrel Khangtsen). La cérémonie officielle ne pouvait être faite avant dans le monastère de Kharnang, en raison de l’éloignement de l’endroit (au Tibet) et diverses considérations d’ordre politiques. Il a été fait en juillet 2003.
Deux ans plus tard, aller à l’université monastique de Sera, la cérémonie d’intronisation pourrait également être effectuée au monastère de Sera-Jhe, dans Jadrel Khamtsen (photos).
Arrière en 1990, 21 ans, Rinpoché a pris l’ordination de moine complet avec sa Sainteté le Dalaï-Lama à Dharamsala.
Au cours des cinq années suivantes, Shenphen Tulku restera engagée dans différentes actions sociales et humanitaires. « Les titressont les mots peuvent être tout à fait vides. Nous pouvons juger un arbre par les fruits qu’il produit. D’apprendre environ et plus tard enseigner la Compassion, l’humilité et autres, est très agréable, mais on doit aussi trouver des façons de pratiquer tout cela !" dit Rinpoché.
Entre 1998 et 2001, suite à la demande de Khyabje Zopa Rinpoché, directeur spirituel de la Fondation pour la préservation de la Tradition Mahayana (FPMT), Shenphen Rinpoche était le directeur d’une retraite de Centre en Grèce. Puis, Rinpoché est allé en Espagne, pour ouvrir un petit centre de Dharma , jusqu’en 2002.
Depuis l’an 2000, Rinpoché enseigne régulièrement dans plusieurs autres pays, par exemple Autriche, Hongrie, Russie, Espagne, Roumanie, Suisse, France, Tibet et Inde...
En septembre 2002, Lama Shenphen Rinpoche est arrivé en Slovénie. Le « tibétain bouddhiste Congrégation – Dharmaling » est enregistré par le gouvernement ; Rinpoché est son abbé. En mai 2008, après les conseille d’un lecteur de melong Rinpoché, Shenphen Rinpoche a laissé son ordination et accepté de lcontinue son travail comme Lama laïc.
Étant aussi un guérisseur renommé, Rinpoché reçoit des gens à cette fin et aussi un rendez-vous privé tout au long de la semaine.
En janvier 2007, le principal centre en Slovénie a été ouvert (qui est aussi le seul Temple bouddhiste consacrée dans le pays). Place du Dharma enseignement et la pratique, de la paix et de la guérison, ce centre du Dharma ont aussi des chambres pour les invités aux étudiants provenant d’afar pour les enseignements, conseille, retraite, etc..
En juillet 2008, Dharmaling a signé un accord spécial avec l’état de la Slovénie et est devenu la sixième communauté religieuse de le faire dans le pays après les églises chrétiennes et de la principale communauté musulmane.
Shenphen Rinpoche 3 cAccomplie enseignant et praticien, Shenpen Rinpoché montre le chemin de l’intégration de la pratique du bouddhisme et de la vie quotidienne :
« L’objectif des enseignements de Bouddhan’est pas n’importe quel genre de satisfaction égoïste mais un état d’esprit, nous appelons « L’éveil ». Ce but est atteint seulement si on a un coeur compatissant assez et une sagesse assez forte. Nous sommes dormir dans notre monde matériel, en s’appuyant de nos sens, comme si ce qu’ils nous disent est une vérité incontestable. Nous avons un « esprit-singe, » toujours sautant d’une pensée à l’autre, qui nous empêcher d’une perception correcte de notre réalité. Nous devons comprendre comment notre esprit fonctionne et comment il conduire correctement ».
« Une fois que vous conduisez votre propre esprit, vous commencez à voir les choses comme elles sont réellement, et non pas comme on vous dit de les voir, par le système d’éducation, de la société, par les religions dont le but est d’amasser toujours plus de richesse et de pouvoir, par les medias, etc., alors, vous commencez à être un être responsable, capable d’exprimer le plein potentiel de la vie humaine et de gravir les marches vers la libération de cette existence conditionnée. »
« Aujourd'hui, il est très important que beaucoup de gens peut intégrer les principales valeurs humaines et spirituelles dans leur vie quotidienne, dans leur travail, dans leur famille, dans leur vie publique et privée. Dans ce monde de chaos, résultat de notre esprit dérangé, il faut retrouver les valeurs de paix, de bonté, d’altruisme. Vieux rituels religieux, intégrés avec les cultures locales, ne sont plus si importants. Ce qui importe est que les gens peuvent ouvrir leurs yeux, voir la vraie nature de la réalité qu’ils vivent en, comprendre la loi universelle de la causalité et devenir pleinement responsables de ce qu’ils font, de leur motivation et des conséquences de toutes les actions du corps , parole et esprit. Alors seulement ils vivront comme des êtres responsables, qui s’occupent les uns des autres et de leur environnement. »

Plus d’infos sur Lama Shenpen Rinpoché ? Sur Facebooklama Shenpen Rinpoche

12/11/2017

La poussière



Souvenez-vous toujours de ceci : "une épaisseur de poussière protège le bois en dessous". 

Une maison devient une demeure quand vous pouvez écrire "Je t’aime sur les meubles". 
Je dépensais au moins 8 heures chaque fin de semaine pour m’assurer que tout était parfait "au cas ou on aurait de la visite". Puis, la visite venait toujours la journée ou je ne l'avais pas fait, mon maudit ménage.
Finalement, un jour j’ai réalisé que personne ne venait nous voir, ils étaient tous partis profiter de la vie et s’amuser... 
Maintenant, quand le monde nous rend visite, je n’ai pas a expliquer la "condition" de ma maison.
Ils sont plus intéressés à ce que je faisais pour profiter de la vie et avoir du plaisir.


Si vous ne l’avez pas encore compris, acceptez ce conseil. 

La vie est courte, profitez-en maintenant...

Epoussetez seulement si vous êtes obligées,

Mais n’est-ce pas mieux de faire une peinture ou écrire une lettre, 
Faire un gâteau ou des biscuits et lécher la cuillère ou planter des semences. 
Pesez la différence entre vos désirs et vos besoins, 
Mais il ne reste plus beaucoup de temps pour nager dans des rivières, escalader des montagnesécouter de la musique , lire des livres, chérir les amitiés et vivre pleinement sa vie.

Epoussetez seulement si vous êtes obligées,
et...
Profitez du monde extérieur, le soleil dans les yeux,le vent dans les cheveux, une mince couverture de neige, une ondée rafraichissante. 

Aujourd'hui est un jour qui ne reviendra jamais. 

Epoussetez seulement si vous êtes obligées, 
Et souvenez-vous que la vieillesse va vous rattraper un jour.
> > > >

Surtout, souvenez-vous qu'en partant, et vous partirez un jour, vous allez faire encore plus de poussière...

01/09/2017

SOUTRA DU DIAMANT 1


La Prajñaparamita. Le Sûtra du Diamant.01

Introduction.

Hommage à la Perfection de la Sagesse, la Merveilleuse, la Sainte !
Subhuti, détail du second chapitre du Sûtra du Diamant, grottes de Dunhuang 
1.  Ainsi ai-je une fois entendu. Le Seigneur résidait à Sravasti, dans le bois de Jeta, dans le jardin d'Anathapindika, avec une grande assemblée de mille deux cent cinquante moines, et avec de nombreux Bodhisattvas, des grands êtres. Tôt le matin le Seigneur s'habilla, mit sa robe, prit son bol, et entra dans la grande ville de Sravasti pour aller chercher des aumônes. Après avoir mangé et être revenu de sa tournée, le Seigneur déposa son bol et sa robe, se lava les pieds, et s'assit sur le siège qui avait été préparé pour lui, croisant ses jambes, tenant son corps droit, et fixant consciemment son attention devant lui. Alors, de nombreux moines s'approchèrent de l'endroit où était le Seigneur, saluèrent ses pieds avec leur tête, marchèrent trois fois autour de lui par la droite, et s'assirent d'un côté.
2.  A ce moment-là, le Vénérable Subhuti vint vers cette assemblée et s'assit. Puis il se leva de son siège, mit la partie supérieure de sa robe sur son épaule, posa le genou droit à terre, inclina ses mains jointes vers le Seigneur, et dit au Seigneur : « Il est merveilleux, Ô Seigneur, il est infiniment merveilleux, Ô Bien-Allé, comme les Bodhisattvas, les grands êtres, ont été aidés avec la plus grande aide par le Tathagata, l'Arhat, le Complètement Éveillé. Il est merveilleux, Ô Seigneur, comme les Bodhisattvas, les grands êtres, ont été favorisés avec la plus grande faveur par le Tathagata, l'Arhat, le Complètement Éveillé. Comment, alors, Ô Seigneur, un homme ou une femme de bien, qui s'est mis en route sur le véhicule du Bodhisattva, doit-il se tenir, comment doit-il progresser, comment doit-il contrôler ses pensées ? »




Après ces mots, le Seigneur dit au Vénérable Subhuti : « Bien parlé, bien parlé, Subhuti ! C'est ainsi, Subhuti, c'est ainsi, comme tu le dis ! Le Tathagata, Subhuti, a aidé les Bodhisattvas, les grands êtres, avec la plus grande aide, et les a favorisés avec la plus grande faveur. Écoute donc bien, Subhuti, et avec attention ! Je vais t'enseigner comment ceux qui se sont mis en route sur le véhicule du Bodhisattva doivent se tenir, comment ils doivent progresser, et comment ils doivent contrôler leurs pensées. » « Qu'il en soit ainsi, Ô Seigneur », répondit le Vénérable Subhuti, et il écouta.

© 'Wisdom beyond words' Sangharakshita, Windhorse Publications 1993, traduction © Christian Richard 2003


SOUTRA DU DIAMANT 2

La Prajñaparamita.

Le Sûtra du Diamant.

La Carrière du Bodhisattva.

3.  Le Seigneur dit : Ici, Subhuti, quelqu'un qui s'est mis en route sur le véhicule du Bodhisattva devrait produire une pensée de cette manière : « Quel que soit le nombre d'êtres dans l'univers des êtres - en comprenant sous le terme “être” ceux qui sont nés d'un œuf, ceux qui sont nés d'une matrice, ceux qui sont nés de la moisissure ou ceux qui sont nés miraculeusement ; avec forme ou sans forme ; avec perception, sans perception, et avec ni perception ni non-perception - quelles que soient les formes d'êtres concevables qui sont conçus : je dois mener tous ces êtres au Nirvana, à ce Royaume du Nirvana qui ne laisse rien derrière. Et, cependant, quoique d'innombrables êtres aient ainsi été menés au Nirvana, aucun être n'a été mené au Nirvana. » Et pourquoi ? Si, chez un Bodhisattva, la notion d'« être » existait, il ne pourrait pas être appelé un « Être de Bodhi ». « Et pourquoi ? Il ne pourrait être appelé un Être de Bodhi, celui chez qui existerait la notion d'un soi ou d'un être, ou la notion d'une âme vivante ou d'une personne. »
4.  De plus, Subhuti, un Bodhisattva qui donne un don ne doit pas être soutenu par une chose, et ne doit pas non plus être soutenu en aucun lieu. Quand il donne des dons il ne doit pas être soutenu par des objets de la vue, ni par des sons, des odeurs, des goûts, des tangibles ou des objets de l'esprit. Parce que, Subhuti, le Bodhisattva, le grand être, doit donner des dons d'une façon telle qu'il ne soit pas soutenu par la notion de signe. Et pourquoi ? Parce que la masse de mérite de cet Être de Bodhi qui, non-soutenu, donne un don, n'est pas facile à mesurer. Penses-tu, Subhuti, que l'étendue de l'espace à l'est soit facile à mesurer ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Le Seigneur demanda : D'une manière similaire, est-il possible de mesurer l'étendue de l'espace au sud, à l'ouest ou au nord, vers le nadir, vers le zénith, dans les directions intermédiaires, dans toutes les dix directions ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Seigneur. Le Seigneur dit : de même, la masse de mérite de cet Être de Bodhi qui, non-soutenu, donne un don, n'est pas facile à mesurer. C'est pourquoi, Subhuti, ceux qui se sont mis en route sur le véhicule du Bodhisattva, doivent donner des dons sans être soutenus par la notion de signe.
5.  Le Seigneur continua : « Penses-tu, Subhuti, que le Tathagata puisse être vu par la possession de ses marques ? » Subhuti répondit : « Non, bien sûr, Ô Seigneur. Et pourquoi ? Ce qui a été enseigné par le Tathagata comme étant la possession de marques, est vraiment une non-possession de non-marques. » Le Seigneur dit : « Là où il y a possession de marques, il y a tromperie ; là où il y a non-possession de non-marques, il n'y a pas tromperie. Le Tathagata est donc vu comme ayant des non-marques comme marques. »


6.  Subhuti demanda : Y aura-t-il des êtres dans le futur, aux derniers temps, à la dernière époque, dans les cinq cents dernières années, au moment de l'effondrement de la bonne doctrine, qui, au moment où ces paroles du sûtra seront enseignées, comprendront leur vérité ? Le Seigneur répondit : Ne parle pas ainsi, Subhuti ! Oui, même alors, il y aura de tels êtres. Car même à ce moment-là, Subhuti, il y aura des Bodhisattvas qui seront doués de bonne conduite, doués de qualités vertueuses, doués de sagesse et qui, au moment où ces paroles du sûtra seront enseignées, comprendront leur vérité. Et ces Bodhisattvas, Subhuti, ne seront pas tels qu'ils n'auront honoré qu'un seul Bouddha, ni tels qu'ils n'auront planté leurs racines de mérite qu'au temps d'un seul Bouddha. Au contraire, Subhuti, ces Bodhisattvas qui, lorsque les paroles de ce sûtra seront enseignées, trouveront ne serait-ce qu'une seule pensée de foi sereine, seront tels qu'ils auront honoré de nombreuses centaines de milliers de Bouddhas, tels qu'ils auront planté leurs racines de mérite au temps de nombreuses centaines de milliers de Bouddhas. Ils sont connus du Tathagata, Subhuti, par sa connaissance de Bouddha ; ils sont vus du Tathagata, Subhuti, par son œil de Bouddha ; ils sont entièrement connus du Tathagata, Subhuti. Et tous, Subhuti, engendreront et acquérront une masse immense et incalculable de mérite.
Et pourquoi ? Parce que, Subhuti, ces Bodhisattvas n'auront (1) pas de perception d'un soi, (2) pas de perception d'un être, (3) pas de perception d'une âme, (4) pas de perception d'une personne. Ces Bodhisattvas n'auront (5) pas non plus de perception d'un dharma, (6) ni de perception d'un non-dharma. En eux, (7) aucune perception (8) ni aucune non-perception ne prend place.
Et pourquoi ? Si, Subhuti, ces Bodhisattvas avaient une perception soit d'un dharma, soit d'un non- dharma, ils s'attacheraient par là à un soi, à un être, à une âme ou à une personne. Et pourquoi ? Parce qu'un Bodhisattva ne doit s'attacher ni à un dharma ni à un non-dharma. Ceci a donc été enseigné par le Tathagata avec une signification cachée : « Ceux qui connaissent le discours comparant le dharma à un radeau doivent renoncer aux dharmas, et plus encore aux non- dharmas. »
7.  Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, qu'il y ait un dharma que le Tathagata ait entièrement connu comme « l'éveil suprême, droit et parfait », ou bien qu'il y ait un dharma que le Tathagata ait expliqué ? Subhuti répondit : Non, pas comme je comprends ce que le Seigneur a dit. Et pourquoi ? Ce dharma, que le Tathagata a entièrement connu et expliqué, ne peut être saisi, on ne peut en parler, ce n'est ni un dharma ni un non-dharma. Et pourquoi ? Parce qu'un Absolu exalte les Personnes Saintes.
8.  Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, que si un homme ou une femme de bien avait empli ce système de mondes fait de mille millions de mondes avec les sept choses précieuses, et l'avait ensuite donné aux Tathagatas, aux Arhats, aux Complètement Éveillés, aurait-il, en vertu de ceci, engendré une grande masse de mérite ? Subhuti répondit : Grande, Ô Seigneur, grande, Ô Bien Allé, serait cette masse de mérite ! Et pourquoi ? Parce que le Tathagata a parlé de la « masse de mérite » comme d'une non-masse ; c'est ainsi que le Tathagata a parlé de « masse de mérite ». Le Seigneur dit : Mais si quelqu'un d'autre tirait de ce discours sur le dharma une seule strophe de quatre lignes, et l'expliquait et l'éclairait à d'autres dans tous ses détails, alors en vertu de ceci il engendrerait une masse de mérite encore plus grande, immense et incalculable. Et pourquoi ? Parce qu'il en est issu l'éveil suprême, droit et parfait des Tathagatas, des Arhats, des Complètement Éveillés, et de cela sont issus les Bouddhas, les Seigneurs. Et pourquoi ? Parce que le Tathagata a enseigné que les dharmas particuliers des Bouddhas ne sont simplement pas les dharmas particuliers d'un Bouddha. C'est pourquoi ils sont appelés « les dharmas particuliers des Bouddhas ».

© 'Wisdom beyond words' Sangharakshita, Windhorse Publications 1993, traduction © Christian Richard 2003


SOUTRA DU DIAMANT 3

La Prajñaparamita.

Le Sûtra du Diamant.

L'étendue de la vie spirituelle.

9.  Penses-tu, Subhuti, qu'il vienne à l'esprit de Celui qui a Gagné le Courant : « C'est par moi que le fruit d'une Personne qui a Gagné le Courant a été atteint ? » Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Et pourquoi ? Parce que, Ô Seigneur, il n'a gagné aucun dharma. Il est donc appelé Celui qui a Gagné le Courant. Aucun objet de la vision n'a été gagné, ni aucun son, aucune odeur, aucun goût, aucun tangible, ni aucun objet de la pensée. C'est pourquoi il est appelé « Celui qui a Gagné le Courant ». Si, Ô Seigneur, il venait à l'esprit de Celui qui a Gagné le Courant : « C'est par moi que le fruit d'une Personne qui a Gagné le Courant a été atteint », cela serait pour lui s'emparer d'un soi, s'emparer d'un être, s'emparer d'une âme, s'emparer d'une personne. Le Seigneur demanda : Penses-tu ensuite, Subhuti, qu'il vienne à l'esprit de Celui qui Revient Une Fois : « C'est par moi que le fruit d'une Personne qui Revient Une Fois a été atteint ? » Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Et pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de dharma qui ait gagné l'État où l'on Revient Une Fois. C'est pourquoi il est appelé « Celui qui Revient Une Fois ». Le Seigneur demanda : Penses-tu ensuite, Subhuti, qu'il vienne à l'esprit de Celui qui ne Revient pas : « C'est par moi que le fruit d'une Personne qui ne Revient pas a été atteint ? » Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Et pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de dharma qui ait gagné l'État où l'on ne Revient pas. C'est pourquoi il est appelé « Celui qui ne Revient pas ». Le Seigneur demanda : Penses-tu ensuite, Subhuti, qu'il vienne à l'esprit de l'Arhat : « C'est par moi que le fruit de l'état d'Arhat a été atteint ? » Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Et pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de dharma qui soit appelé « Arhat ». C'est pourquoi il est appelé Arhat. Si, Ô Seigneur, il venait à l'esprit de l'Arhat : « C'est par moi que l'état d'Arhat a été atteint », cela serait pour lui s'emparer d'un soi, s'emparer d'un être, s'emparer d'une âme, s'emparer d'une personne. Et pourquoi ? Je suis, Ô Seigneur, celui que le Tathagata, l'Arhat, le Complètement Éveillé a montré comme étant le plus avancé de ceux qui résident dans la Paix. Je suis, Ô Seigneur, un Arhat libre d'avidité. Et, cependant, Ô Seigneur, il ne me vient pas à l'esprit : « Je suis un Arhat et je suis libre d'avidité ». Si, Ô Seigneur, il pouvait me venir à l'esprit que j'avais atteint l'état d'Arhat, alors le Tathagata n'aurait pas dit de moi : « Subhuti, cet homme de bien, qui est le plus avancé de ceux qui résident dans la Paix, ne réside nulle part. C'est pourquoi il est appelé "un résidant dans la Paix, un résidant dans la Paix" ».
10.  Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, qu'il y ait un dharma que le Tathagata ait appris de Dipankara, le Tathagata, l'Arhat, le Complètement Éveillé ? Subhuti répondit : Non, Ô Seigneur, il n'y en a pas. Le Seigneur dit : si un Bodhisattva disait : « Je vais créer des Champs de Bouddha harmonieux », il parlerait de manière fausse. Et pourquoi ? « Les harmonies des Champs de Bouddha, les harmonies des Champs de Bouddha », Subhuti, ont été enseignées comme étant des non-harmonies par le Tathagata. Il a donc parlé de « Champs de Bouddha harmonieux ».  Alors donc, Subhuti, le Bodhisattva, le grand être, devrait produire une pensée non-soutenue, c'est-à-dire une pensée qui n'est nulle part soutenue, une pensée qui n'est soutenue ni par des vues, ni par des sons, ni par des odeurs, ni par des goûts, ni par des tangibles, ni par des objets de l'esprit.  Suppose, Subhuti, qu'il y ait un homme qui ait un corps, un corps énorme, de telle sorte qu'il ait une existence personnelle telle que celle du Soumerou, le roi des monts. Serait-ce, Subhuti, une existence personnelle énorme ? Subhuti répondit : Oui, énorme, Ô Seigneur, énorme, Ô Bien Allé, serait son existence personnelle. Et pourquoi le serait-ce ? « L'existence personnelle , l'existence personnelle » a été enseignée comme étant une non-existence par le Tathagata ; car, Ô Seigneur, elle n'est ni existence ni non-existence. Elle est donc appelée « existence personnelle ».


11.  Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, que s'il y avait autant de Gange qu'il y a de grains de sable dans le large Gange, les grains de sable dans ces Gange seraient nombreux ? Subhuti répondit : Ces Gange seraient bien sûr très nombreux, et plus nombreux encore les grains de sable qu'ils contiennent. Le Seigneur dit : C'est ce que je t'annonce, Subhuti, c'est ce que je te fais savoir. Si une femme ou un homme avait empli des sept choses précieuses autant de systèmes de mondes qu'il y a de grains de sable dans tous ces Gange, et les avait donnés en présent aux Tathagatas, aux Arhats, aux Complètement Éveillés, penses-tu, Subhuti, que cet homme ou cette femme aurait, en vertu de ceci, engendré une grande masse de mérite ? Subhuti répondit : Grande, Ô Seigneur, grande, Ô Bien Allé, serait cette masse de mérite, immense et incalculable. Le Seigneur dit : Mais si un homme ou une femme de bien avait pris de ce discours sur le dharma une seule strophe de quatre lignes, et l'avait expliquée et éclairée à d'autres, alors en vertu de ceci il engendrerait une masse de mérite encore plus grande, immense et incalculable.
12.  De plus, Subhuti, cet endroit de la terre où l'on a pris de ce discours sur le dharma une seule strophe de quatre lignes, où on l'a enseignée ou éclairée, cet endroit de la terre sera un véritable autel pour le monde entier, avec ses dieux, ses hommes et ses Asuras. Que dirions-nous alors de ceux qui garderont la totalité de ce discours à l'esprit, le réciteront, l'étudieront et l'éclaireront à d'autres dans tous ses détails ! Très merveilleusement heureux seront-ils, Subhuti ! Et sur cet endroit de la terre, Subhuti, réside soit le Maître, soit un sage le représentant.

La première fin.

13.  Subhuti demanda : Quel est donc, Ô Seigneur, ce discours sur le dharma, et comment dois-je le garder à l'esprit ? Le Seigneur répondit : Ce discours sur le dharma, Subhuti, est appelé « la Sagesse qui est allée au-delà », et c'est ainsi que tu dois le garder à l'Esprit !

© 'Wisdom beyond words' Sangharakshita, Windhorse Publications 1993, traduction © Christian Richard 2003




SOUTRA DU DIAMANT 4

La Prajñaparamita.

Le Sûtra du Diamant.

Transcendance.

Et pourquoi ? Ce que le Tathagata a enseigné comme étant la sagesse qui est allée au-delà, Il l'a enseigné comme n'étant pas allée au-delà. C'est pourquoi elle est appelée « la Sagesse qui est allée au-delà ». Penses-tu, Subhuti, qu'il y ait un dharma que le Tathagata ait enseigné ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur, il n'y en a pas. Le Seigneur dit : Quand, Subhuti, tu considères le nombre de particules de poussière dans ce système de mondes fait de mille millions de mondes, y en a-t-il beaucoup ? Subhuti répondit : Oui, Ô Seigneur. Car ce qui a été enseigné comme étant des particules de poussière par le Tathagata, cela a été enseigné comme étant des non-particules par le Tathagata. Elles sont donc appelées « particules de poussière ». Et ce système de mondes a été enseigné par le Tathagata comme étant un non-système. Il est donc appelé « système de mondes ». Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, que le Tathagata puisse être vu au moyen des trente-deux marques du surhomme ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Et pourquoi ? Parce que ces trente-deux marques du surhomme qui ont été enseignées par le Tathagata sont réellement des non-marques. Elles sont donc appelées les « trente-deux marques du surhomme ».
Le Seigneur dit : Et de plus, Subhuti, suppose qu'une femme ou un homme renonce à toutes ses possessions autant de fois qu'il y a de grains de sable dans le Gange, et suppose que quelqu'un d'autre, après avoir pris de ce discours sur le Dharma une seule strophe de quatre lignes, l'explique à d'autres. Alors, ce dernier, en vertu de ceci, engendrerait une masse de mérite encore plus grande, immense et incalculable
14.  Sur ce, l'impact du Dharma émut le Vénérable Subhuti jusqu'aux larmes. Ayant séché ses larmes, il parla ainsi au Seigneur : « Il est merveilleux, Ô Seigneur, il est infiniment merveilleux, Ô Bien-Allé, comment le Tathagata a bien enseigné ce discours sur le Dharma. Par ce dernier, la cognition a été produite en moi. Je n'ai jamais auparavant entendu de tel discours sur le Dharma. Très merveilleusement heureux seront ceux qui, lorsque ce sûtra sera enseigné, produiront une vraie perception. Et ce qui est une vraie perception est en fait une non-perception. Le Tathagata enseigne donc « vraie perception, vraie perception ». Il ne m'est pas difficile d'accepter et de croire ce discours sur le Dharma lorsqu'il est enseigné. Mais les êtres qui existeront dans le futur, aux derniers temps, à la dernière époque, dans les cinq cents dernières années, au moment de l'effondrement de la bonne doctrine, et qui, Ô Seigneur, comprendront ce discours sur le Dharma, le garderont à l'esprit, le réciteront, l'étudieront et l'éclaireront à d'autres dans tous ses détails, ces êtres seront très merveilleusement heureux. En eux, cependant, il n'y aura pas de perception d'un soi, ou d'un être, ou d'une âme, ou d'une personne. Et pourquoi ? Ce qui, Ô Seigneur, est perception de soi, ceci est en fait une non-perception. Ce qui est perception d'un être, d'une âme ou d'une personne, ceci est en fait une non-perception. Et pourquoi ? Parce que les Bouddhas, les Seigneurs, ont laissé toute perception derrière eux.
Le Seigneur dit : C'est ainsi, Subhuti. Très merveilleusement heureux seront les êtres qui, en entendant ce sûtra, ne trembleront pas, n'auront pas peur, ne ressentiront aucune terreur. Et pourquoi ? Le Tathagata a enseigné ceci comme étant la plus haute perfection. Et ce que le Tathagata enseigne comme étant la plus haute perfection, est aussi enseigné par les innombrables Bouddhas Bienheureux. C'est donc appelé « la plus haute perfection ».


De plus, Subhuti, la perfection de la patience du Tathagata est réellement une non-perfection. Et pourquoi ? Parce que, Subhuti , quand le roi de Kalinga a coupé la chair de tous mes membres, à ce moment-là je n'avais pas de perception d'un moi, d'un être, d'une âme ou d'une personne. Et pourquoi ? Si, Subhuti, à ce moment-là j'avais eu la perception d'un moi, j'aurais aussi, à ce moment-là, eu une perception de malveillance. De même, si j'avais eu la perception d'un être, ou d'une âme, ou d'une personne. A l'aide de ma super-connaissance, je me souviens d'avoir, dans le passé, pendant cinq cents vies, mené la vie d'un sage dévoué à la patience. Je n'avais pas non plus alors de perception d'un moi, d'un être, d'une âme ou d'une personne.
Alors, donc, Subhuti, l'être de Bodhi, le grand être, après s'être débarrassé de toute perception, doit élever ses pensées vers l'éveil le plus grand, juste et parfait. Il doit produire une pensée qui n'est pas supportée par des formes, des sons, des odeurs, des goûts, des tangibles ou des objets de l'esprit, qui n'est pas supportée par un dharma, qui n'est pas supportée par un non-dharma, qui n'est pas supportée par quoi que ce soit. Et pourquoi ? Tous les supports n'ont en réalité pas de support. C'est pour cette raison que le Tathagata enseigne ceci : un don doit être donné par un Bodhisattva non supporté, et non par quelqu'un qui est supporté par des formes, des sons, des odeurs, des goûts, des tangibles ou des objets de l'esprit.
Et de plus, Subhuti, c'est pour le bonheur de tous les êtres qu'un Bodhisattva doit donner des dons de cette manière. Et pourquoi ? Cette perception d'un être, Subhuti, n'est qu'une non-perception. « Tous les êtres » dont a parlé le Tathagata sont en fait des non-êtres. Et pourquoi ? Parce que le Tathagata parle en accord avec la réalité, parce qu'il dit la vérité, parce qu'il parle de ce qui est, et pas autrement. Un Tathagata ne parle pas faussement.
Mais néanmoins, Subhuti, en ce qui concerne le dharma que le Tathagata a entièrement connu et expliqué, il n'y a de ce fait ni vérité ni mensonge.
Dans l'obscurité, un homme ne peut rien voir. C'est ainsi que devrait être vu un Bodhisattva qui est tombé parmi les choses, et qui, étant tombé parmi les choses, renonce à un don. Quand la nuit devient jour et se lève le soleil, un homme avec des yeux voit de nombreuses formes. C'est ainsi que devrait être vu un Bodhisattva qui n'est pas tombé parmi les choses et qui, sans être tombé parmi les choses, renonce à un don.
De plus, Subhuti, ces hommes et femmes de bien, qui comprendront ce discours sur le Dharma, le garderont à l'esprit, le réciteront, l'étudieront et l'éclaireront à d'autres dans tous ses détails, ont été connus, Subhuti, par le Tathagata avec sa connaissance de Bouddha, ils ont été vus, Subhuti, par le Tathagata avec son œil de Bouddha, ils ont été entièrement connus par le Tathagata. Tous ces êtres, Subhuti, vont engendrer et acquérir une masse immense et incalculable de mérite.
15.  Et si, Subhuti, une femme ou un homme renonçait le matin à toutes ses possessions, autant de fois qu'il y a de grains de sable dans le Gange, et si cet homme ou cette femme faisait de même à midi et le soir, et de cette manière renonçait à toutes ses possessions pour de nombreuses centaines de milliers de millions de milliards d'ères incommensurables ; et si quelqu'un d'autre, après avoir entendu ce discours sur le Dharma, ne le rejetait pas, alors, ce dernier, en vertu de ceci, engendrerait une masse de mérite encore plus grande, immense et incalculable. Que dire alors de celui qui après l'avoir écrit, l'apprendrait, le garderait à l'esprit, le réciterait, l'étudierait et l'éclairerait à d'autres dans tous ses détails ?


De plus, Subhuti, (1) impensable et (2) incomparable est ce discours sur le Dharma. (3) Le Tathagata l'a enseigné pour le bonheur des êtres qui se sont mis en route sur le meilleur, sur le plus excellent des véhicules. Ceux qui comprendront ce discours sur le Dharma, qui le garderont à l'esprit, le réciteront, l'étudieront et l'éclaireront à d'autres dans tous ses détails, le Tathagata les a connus avec sa connaissance de Bouddha, le Tathagata les a vus avec son œil de Bouddha, le Tathagata les a entièrement connus. Tous ces êtres, Subhuti, auront le bonheur d'avoir une masse immense de mérite, ils auront le bonheur d'avoir une impensable, une incomparable masse de mérite, sans mesure et sans limite. Et tous ces êtres, Subhuti, porteront une part égale d'éveil. Et pourquoi ? (4) Parce qu'il n'est pas possible, Subhuti, que ce discours sur le Dharma soit entendu par des êtres de moindre détermination, ni par ceux qui ont une vue d'un soi, d'un être, d'une âme ou d'une personne. Les êtres qui n'ont pas pris l'engagement des êtres de Bodhi ne peuvent pas non plus entendre ce discours sur le Dharma, ni le comprendre, le garder à l'esprit, le réciter ou l'étudier. Cela ne peut pas être.
(1) De plus, Subhuti, l'endroit de la terre où ce sûtra sera révélé, cet endroit sera digne de vénération par le monde entier, avec ses Dieux, ses hommes et ses Asuras, digne d'être salué respectueusement, digne d'être honoré par circumambulation ; tel un autel sera cet endroit de la terre. 
16.  Et cependant, Subhuti, ces hommes et femmes de bien, qui comprendront ces sûtras-là, les garderont à l'esprit, les réciteront et les étudieront, seront rendus humbles, oui, seront rendus bien humbles ! Et pourquoi ? Les actes impurs que ces êtres ont faits dans leurs vies précédentes, et qui sont susceptibles de les rendre malheureux, - dans cette vie présente, parce qu'ils deviendront humbles, ils (2) annuleront les actes impurs de leurs vies précédentes, et (3) atteindront l'éveil d'un Bouddha. Avec ma super-connaissance, Subhuti, je me souviens que dans la période passée, bien avant Dipankara, le Tathagata, l'Arhat, le Complètement Éveillé, durant d'incalculables, de complètement incalculables ères incommensurables, j'ai donné satisfaction, par un service loyal, à quatre-vingt-quatre mille millions de milliards de Bouddhas, sans jamais les décevoir. Mais la masse de mérite, Subhuti, provenant de la satisfaction que j'ai donnée à ces Bouddhas et Seigneurs sans jamais les décevoir, comparée à la masse de mérite de ceux qui aux derniers temps, à la dernière époque, dans les cinq cents dernières années, au moment de l'effondrement de la bonne doctrine, comprendront ces sûtras-là, les garderont à l'esprit, les réciteront, les étudieront et les éclaireront à d'autres dans tous leurs détails, n'approche pas une centième partie, pas une millième partie, ni une cent millième partie, ni une dix millionième partie, ni une cent millionième partie, ni une cent mille millionième partie. Elle ne peut pas être mise en chiffres, ni mise en fraction, ni comptée, ni comparée, ni ressemblée. (4) Si, de plus, Subhuti, j'enseignais la masse de mérite de ces femmes et hommes de bien, et combien grande est la masse de mérite qu'ils vont alors engendrer et acquérir, les êtres deviendraient troublés et confus. Puisque, cependant, Subhuti, le Tathagata a enseigné ce discours sur le Dharma comme étant impensable, alors, de même, un résultat de karma impensable devrait en être attendu.

© 'Wisdom beyond words' Sangharakshita, Windhorse Publications 1993, traduction © Christian Richard 2003



SOUTRA DU DIAMANT 5

La Prajñaparamita.

Le Sûtra du Diamant.

Les Bodhisattvas.

Détail du frontispice du Sûtra du Diamant, grottes de Dunhuang 
17.  Subhuti demanda : Comment, Ô Seigneur, doit se tenir celui qui s'est mis en route sur le véhicule des Bodhisattvas, comment doit-il progresser, comment doit-il contrôler ses pensées ? Le Seigneur répondit : Ici, Subhuti, quelqu'un qui s'est mis en route sur le véhicule des Bodhisattvas devrait produire une pensée de cette manière : « Je dois mener tous les êtres au Nirvana, à ce Royaume du Nirvana qui ne laisse rien derrière ; et cependant, après que des êtres ont ainsi été menés au Nirvana, aucun être n'a été mené au Nirvana. » Et pourquoi ? Si, chez les Bodhisattvas, la notion d'« être » existait, il ne pourrait pas être appelé un « Être de Bodhi ». Et il en serait de même si la notion d'une âme ou d'une personne existait en lui. Et pourquoi ? Celui qui s'est mis en route sur le véhicule des Bodhisattvas, celui-là n'est pas un des dharmas.
Penses-tu, Subhuti, qu'il y ait un dharma par lequel le Tathagata, alors qu'il était avec le Tathagata Dipankara, a entièrement connu l'éveil suprême, droit et parfait ? Subhuti répondit : Il n'y a pas un seul dharma par lequel le Tathagata, alors qu'il était avec le Tathagata Dipankara, a entièrement connu l'éveil suprême, droit et parfait. Le Seigneur dit : C'est pour cette raison que le Tathagata Dipankara prédit alors de moi : « Toi, jeune brahmane, dans une période future tu seras un Tathagata, un Arhat, un Complètement Éveillé, portant le nom de Sakyamuni ! »
Et pourquoi ? « Tathagata », Subhuti, est un synonyme de la vraie Ainsité (tathata). Et quiconque dirait, Subhuti, « Le Tathagata a complètement connu l'éveil suprême, droit et parfait », parlerait faussement. Et pourquoi ? (Il n'y a pas de dharma par lequel le Tathagata a complètement connu l'éveil suprême, droit et parfait. Et selon le dharma que le Tathagata a entièrement connu et expliqué, selon ce dharma il n'y a ni vérité ni mensonge.) Le Tathagata enseigne donc : « Tous les dharmas sont les dharmas propres et particuliers du Bouddha ». Et pourquoi ? « Tous les dharmas », Subhuti, ont été enseignés comme étant des non-dharmas par le Tathagata. Tous les dharmas sont donc appelés les dharmas propres et particuliers du Bouddha. (Tout comme un homme, Subhuti, peut être doté d'un corps, d'un corps énorme). Subhuti dit : cet homme dont le Tathagata a parlé comme étant « doté d'un corps, d'un corps énorme », a été enseigné comme un non-corps par le Tathagata. Il est donc appelé « doté d'un corps, d'un corps énorme ».


Le Seigneur dit : C'est ainsi, Subhuti. Le Bodhisattva qui dirait : « Je vais mener des êtres au Nirvana », ne devrait pas être appelé un « être de Bodhi ». Et pourquoi ? Y a-t-il, Subhuti, un dharma appelé « être de Bodhi » ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Le Seigneur dit : De ce fait, le Tathagata enseigne : « tous les dharmas sont sans soi, ils n'ont pas le caractère d'êtres vivants, ils sont sans âme vivante, sans personnalité. » Si un Bodhisattva disait : « Je vais créer d'harmonieux champs de Bouddha », il ne devrait pas, de même, être appelé un être de Bodhi. Et pourquoi ? « Les harmonies des Champs de Bouddha, les harmonies des Champs de Bouddha », Subhuti, ont été enseignées comme étant des non-harmonies par le Tathagata. Il a donc parlé de « Champs de Bouddha harmonieux ». Cependant, Subhuti, les Bodhisattvas qui se tient à « sans soi sont les dharmas, sans soi sont les dharmas », le Tathagata, l'Arhat, le Complètement Éveillé l'a déclaré être un être de Bodhi, un grand être.

© 'Wisdom beyond words' Sangharakshita, Windhorse Publications 1993, traduction © Christian Richard 2003


SOUTRA DU DIAMANT 6

La Prajñaparamita.

Le Sûtra du Diamant.

Les Bouddhas.

18.  Penses-tu, Subhuti, que l'œil de chair du Tathagata existe ? Subhuti répondit : C'est ainsi, Ô Seigneur, l'œil de chair du Tathagata existe. Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, que l'œil céleste du Tathagata existe, son œil de sagesse, son œil de Dharma, son œil des Bouddhas ? Subhuti répondit : C'est ainsi, Ô Seigneur, l'œil de chair du Tathagata existe, et il en est de même de son œil de sagesse, de son œil de Dharma, et de son œil des Bouddhas.
Le Seigneur dit : Penses-tu, Subhuti, que le Tathagata a utilisé la phrase : « autant de grains de sable qu'il y en a dans le grand Gange » ? Subhuti répondit : C'est ainsi, Ô Seigneur, c'est ainsi, Ô Bien-Allé ! Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, que s'il y avait autant de Gange qu'il y a de grains de sable dans le grand Gange, et s'il y avait autant de systèmes de mondes qu'il y a de grains de sable dans tous ces Gange, ces systèmes de mondes seraient nombreux ? Subhuti répondit : C'est ainsi, Ô Seigneur, c'est ainsi, Ô Bien-Allé, ces systèmes de mondes seraient nombreux. Le Seigneur demanda : de tous les nombreux êtres qu'il y a dans ces systèmes de mondes, je connais, dans ma sagesse, les nombreuses progressions de pensée. Et pourquoi ? « Progressions de pensée, progressions de pensée », ont été enseignées comme étant des non-progressions par le Tathagata. Elles sont donc appelées « progressions de pensées ». Et pourquoi ? La pensée du passé n'est pas saisie, la pensée du futur n'est pas saisie, la pensée du présent n'est pas saisie.
19.  Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, que si un homme ou une femme de bien avait empli ce système de mondes fait de mille millions de mondes avec les sept choses précieuses, et l'avait ensuite donné comme don aux Tathagatas, aux Arhats, aux Complètement Éveillés, aurait-il, en vertu de ceci, engendré une grande masse de mérite ? Subhuti répondit : Il aurait, Ô Seigneur, il aurait, Ô Bien-Allé ! Le Seigneur dit : C'est ainsi, Subhuti, c'est ainsi. En vertu de cela cet homme ou cette femme de bien aurait engendré une grande masse de mérite, immense et incalculable. Mais si, en revanche, il y avait une chose telle qu'une masse de mérite, le Tathagata n'aurait pas parlé d'une « masse de mérite ».


20.  Penses-tu, Subhuti, que le Tathagata doive être vu par l'accomplissement de son corps de forme ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur, le Tathagata ne doit pas être vu par l'accomplissement de son corps de forme. Et pourquoi ? « Accomplissement de son corps de forme, accomplissement de son corps de forme », ceci, Ô Seigneur, a été enseigné par le Tathagata comme étant un non-accomplissement. C'est donc appelé « accomplissement de son corps de forme ». Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, que le Tathagata doive être vu par la possession de ses marques ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Et pourquoi ? Cette possession de marques, Ô Seigneur, qui a été enseignée par le Tathagata, a été enseignée par le Tathagata comme étant une non-possession de non-marques. Elle est donc appelée « possession de marques ».
21.  Le Seigneur demanda : Penses-tu, Subhuti, qu'il vienne à l'esprit du Tathagata, « c'est par moi que le Dharma a été expliqué ? ». Quiconque, Subhuti, dirait « le Tathagata a expliqué le Dharma », parlerait faussement, me représenterait de façon incorrecte, en saisissant ce qui n'est pas là. Et pourquoi ? « Explication de dharma, explication de dharma », Subhuti, il n'y a pas de dharma que l'on puisse découvrir comme étant une explication de dharma.
Subhuti demanda : Y aura-t-il des êtres dans le futur, aux derniers temps, à la dernière époque, dans les cinq cents dernières années, au moment de l'effondrement de la bonne doctrine, qui, entendant de tels dharmas, croiront vraiment ? Le Seigneur répondit : ils ne sont, Subhuti, ni des êtres ni des non-êtres. Et pourquoi ? « Êtres, êtres », Subhuti, le Tathagata a enseigné qu'ils sont tous des non-êtres. C'est pourquoi il a parlé de « tous les êtres ».
22.  Penses-tu, Subhuti, qu'il y ait des dharmas par lesquels le Tathagata a entièrement connu l'éveil suprême, droit et parfait ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur, il n'y a pas de dharma par lequel le Tathagata a entièrement connu l'éveil suprême, droit et parfait. Le Seigneur dit : C'est ainsi, Subhuti, c'est ainsi. Pas même le moindre dharma ne peut être trouvé ou saisi. Il est donc appelé « l'éveil suprême, droit et parfait ». 23. De plus, Subhuti, identique à lui-même est ce dharma, et rien n'y est en désaccord. Il est donc appelé « l'éveil suprême, droit et parfait ». Identique à lui-même par l'absence d'un soi, d'un être, d'une âme ou d'une personne, l'éveil suprême, droit et parfait est entièrement connu comme étant la totalité de tous les dharmas sains. « Les dharmas sains, les dharmas sains », Subhuti, ont cependant été enseignés comme étant des non-dharmas par le Tathagata. Ils sont donc appelés « dharmas sains ».
24.  Et encore, Subhuti, si une femme ou un homme avait empilé les sept choses précieuses jusqu'à former un volume égal à celui de tous les Soumerou, les rois des monts, du système de mondes fait de mille millions de mondes, et s'il les donnait en présent ; et si, par ailleurs, un homme ou une femme de bien prenait de cette Prajñaparamita, de ce discours sur le Dharma, une seule strophe de quatre lignes, et l'expliquait à d'autres, comparée à cette masse de mérite la masse de mérite précédente n'en approcherait pas un centième, et ainsi de suite jusqu'à ce que nous arrivions à : elle ne tient aucune comparaison.
25.  Penses-tu, Subhuti, qu'il vienne à l'esprit du Tathagata, « c'est par moi que les êtres ont été libérés ? » Tu ne devrais pas voir cela ainsi, Subhuti ! Et pourquoi ? Il n'y a pas un seul être que le Tathagata a libéré. Une fois encore, s'il y avait eu un seul être que le Tathagata avait libéré, alors, sûrement, cela aurait été de la part du Tathagata une prise d'un soi, d'un être, d'une âme, d'une personne. La « prise d'un soi », Subhuti, a été enseignée comme étant une non-prise par le Tathagata. Et, cependant, les personnes sottes et ordinaires s'en sont saisies. « Personnes sottes et ordinaires », Subhuti, ont été enseignées comme étant des non-personnes. Elles sont donc appelées « personnes sottes et ordinaires ».


26.  Penses-tu, Subhuti, que le Tathagata puisse être vu par la possession de ses marques ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur. Le Seigneur dit : Si, Subhuti, le Tathagata pouvait être reconnu par la possession de ses marques, alors le monarque universel serait aussi un Tathagata. Le Tathagata ne peut donc pas être vu au moyen de la possession de ses marques. Subhuti dit alors : Tel que, Ô Seigneur, je comprends l'enseignement du Seigneur, le Tathagata ne peut pas être vu par la possession de ses marques.
Puis, en cette occasion, le Seigneur enseigna les strophes suivantes :
« Ceux qui m'ont vu par ma forme,
Et ceux qui m'ont suivi par ma voix
Se sont engagés dans des efforts erronés,
Ces personnes ne me verront pas.

C'est du Dharma que l'on doit voir les Bouddhas,
C'est des corps du Dharma que viennent leurs conseils,
Mais la vraie nature du Dharma ne peut être perçue,
Et personne ne peut la connaître en tant qu'objet. »
27.  Penses-tu, Subhuti, que le Tathagata a entièrement connu l'éveil suprême, droit et parfait par la possession de ses marques ? Tu ne devrais pas le voir ainsi, Subhuti. Et pourquoi ? Parce que le Tathagata ne pourrait sûrement pas avoir entièrement connu l'éveil suprême, droit et parfait par la possession de ses marques.
Personne, Subhuti, ne devrait non plus te dire, « ceux qui se sont mis en route sur le véhicule du Bodhisattva ont conçu la destruction d'un dharma, ou son annihilation ». Tu ne devrais pas non plus le voir ainsi, Subhuti ! Car ceux qui se sont mis en route sur le véhicule du Bodhisattva n'ont pas conçu la destruction d'un dharma, ou son annihilation.
28.  Et encore, Subhuti, si un homme ou une femme de bien avait empli des sept choses précieuses autant de systèmes de mondes qu'il y a de grains de sable dans le Gange, et les donnait en présent aux Tathagatas, aux Arhats, aux Complètement Éveillés, et si, par ailleurs, un Bodhisattva gagnait la patiente acceptation des dharmas qui ne sont rien en eux-mêmes et qui manquent à être produits, alors ce dernier, en vertu de cela, engendrerait une plus grande masse de mérite, immense et incalculable.
De plus, Subhuti, le Bodhisattva ne devrait pas acquérir une masse de mérite. Subhuti dit : « Sûrement, Ô Seigneur, le Bodhisattva devrait acquérir une masse de mérite ? » Le Seigneur dit : « devrait acquérir », Subhuti, et non « devrait saisir ». C'est pourquoi il est dit « devrait acquérir ».
29.  Quiconque dit que le Tathagata va ou vient, se tient debout, est assis ou est allongé, ne comprend pas la signification de mon enseignement. Et pourquoi ? « Tathagata », ainsi est appelé celui qui n'est allé nulle part, et qui n'est venu de nulle part. Il est donc appelé « le Tathagata, l'Arhat, le Complètement Éveillé ».


© 'Wisdom beyond words' Sangharakshita, Windhorse Publications 1993, traduction © Christian Richard 2003


SOUTRA DU DIAMANT 7

La Prajñaparamita.

Le Sûtra du Diamant.

Conseils aux imparfaits.

30.  Et encore, Subhuti, si un homme ou une femme de bien avait à moudre autant de systèmes de mondes qu'il y a de particules de poussière dans ce grand système de mondes fait de mille millions de mondes, aussi fin qu'ils peuvent être moulus avec une vigueur incalculable, et à les réduire en fait à une chose telle qu'un ensemble de quantités atomiques, penses-tu, Subhuti, que ce serait un énorme ensemble de quantités atomiques ? Subhuti répondit : C'est ainsi, Ô Seigneur, c'est ainsi, Ô Bien Allé : énorme serait cet ensemble de quantités atomiques ! Et pourquoi ? Si, Ô Seigneur, il y avait eu un énorme ensemble de quantités atomiques, le Seigneur ne l'aurait pas appelé un « énorme ensemble de quantités atomiques ». Et pourquoi ? Ce qui a été enseigné par le Tathagata comme étant un « ensemble de quantités atomiques », a été enseigné comme étant un non-ensemble par le Tathagata. Il est donc appelé un « ensemble de quantités atomiques ».
Et ce que le Tathagata a enseigné comme étant un « système de mondes fait de mille millions de mondes », cela il l'a enseigné comme étant un non-système. Il est donc appelé « le système de mondes fait de mille millions de mondes ». Et pourquoi ? Si, Ô Seigneur, il y avait eu un système de mondes, cela aurait voulu dire une prise d'un objet matériel, et ce qui a été enseigné comme étant une « prise d'un objet matériel » par le Tathagata, a été enseigné comme étant une non-prise par le Tathagata. Elle est donc appelée une « prise d'un objet matériel ». Le Seigneur ajouta : Et aussi, Subhuti cette « prise d'un objet matériel » est une question de convention linguistique, une expression verbale sans contenu factuel. Ce n'est pas un dharma, ni un non-dharma. Et cependant les personnes sottes et ordinaires s'en sont saisies.


31.  Et pourquoi ? Parce que celui qui dirait que la vue d'un soi, que la vue d'un être, que la vue d'une âme vivante, que la vue d'une personne, a été enseignée par le Tathagata, parlerait-il justement ? Subhuti répondit : Non, bien sûr, Ô Seigneur, non, bien sûr, Ô Bien-Allé, il ne parlerait pas justement. Et pourquoi ? Ce qui a été enseigné par le Tathagata comme étant une « vue de soi », a été enseigné comme étant une non-vue par le Tathagata. Elle est donc appelée une « vue de soi ». Le Seigneur dit : C'est ainsi, Subhuti, que quelqu'un qui s'est mis en route sur le véhicule du Bodhisattva devrait connaître tous les dharmas, les considérer, se concentrer sur eux. Et il devrait les connaître, les considérer, se concentrer sur eux d'une façon telle qu'il n'établisse pas la perception d'un dharma. Et pourquoi ? « Perception d'un dharma, perception d'un dharma », Subhuti, a été enseignée comme étant non-perception par le Tathagata. Elle est donc appelée « perception d'un dharma ».

32.  Et, finalement, Subhuti, si un Bodhisattva, un grand être, avait rempli d'innombrables et incalculables systèmes de mondes avec les sept choses précieuses, et les avait données en présent aux Tathagatas, aux Arhats, aux Complètement Éveillés, et si, par ailleurs, un homme ou une femme de bien avait pris de cette Prajñaparamita, de ce discours sur le Dharma, une seule strophe de quatre lignes, et la gardait à l'esprit, l'expliquait, la récitait et l'étudiait, et l'éclairait à d'autres dans tous ses détails, en vertu de ceci ce dernier engendrerait une plus grande masse de mérite, immense et incalculable. Et comment l'éclairerait-il ? De façon à ne pas révéler. Il est donc dit, « il éclairerait ».
« Comme des étoiles, un défaut de vision, comme une lampe,
Une illusion magique, des gouttes de rosée, ou une bulle,
Un rêve, un éclair, ou un nuage,
Ainsi devrait-on voir ce qui est conditionné. »

La seconde conclusion.

Ainsi parla le Seigneur. Ravis, Subhuti l'Ancien, les moines et les nonnes, les pieux laïcs, hommes et femmes, et les Bodhisattvas, et le monde entier avec ses Dieux, ses hommes, ses Asuras et ses Gandharvas, se réjouirent de l'enseignement du Seigneur.

© 'Wisdom beyond words' Sangharakshita, Windhorse Publications 1993, traduction © Christian Richard 2003